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L'immunological imprinting, un concept rénové dans le domaine de l’immunité humorale anti-grippale.

par Daniel Marc (ISP, INRA Nouzilly)

C’est notamment la distribution inégale selon l’âge des cas humains d’infection par des virus influenza aviaires H5N1 et H7N9 qui a conduit Gostic et al. (Science 2016) à proposer ou ressusciter le concept d'«immunological imprinting» ou «original antigenic sin». Les anticorps à large spectre ciblant la tige conservée de l’hémagglutinine offrent un certain degré de protection croisée, au sein de chacun des deux groupes antigéniques majeurs I et II dans lesquels se répartissent les 16 types d’hémagglutinine en fonction de la séquence peptidique de leur tige. Selon le concept d'«immunological imprinting», la première infection avec un virus grippal "imprime" durablement notre système immunitaire.

Nés avant 1968, il est fort probable que notre première infection grippale dans l’enfance a été due à un virus H1 ou H2 (groupe I). Cela nous confère un certain degré de protection croisée contre les virus du même groupe antigénique I, notamment les H5, mais notre système immunitaire est alors « à côté de la plaque » pour des virus du groupe antigénique II, comme les H7. A l'inverse, les personnes nées après 1968 ont très probablement connu une primo-infection grippale par le virus H3N2, ce qui leur qui fournit un certain degré de cross-protection vis-à-vis des virus H7, appartenant au même groupe II.

C’est ce qui, selon Gostic et al., expliquerait le biais de distribution des cas humains d’infection par des virus H5 ou H7 : davantage de personnes nées avant 1968 pour les infections à H7N9, après 1968 pour les infections à H5. Selon Worobey, qui est l’un des co-auteurs de Gostic, c’est aussi cette empreinte immunologique qui rendrait compte de la sévérité de la grippe espagnole chez les jeunes adultes (Worobey et al., PNAS 2014) : ces derniers auraient été primo-infectées dans l’enfance par le virus pandémique de 1889, de sous-type H3N8, et leur système immunitaire n'était donc pas préparé pour affronter le virus H1N1 de 1918.